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vieuxmakan

26 janvier 2006

De la question de la recherche scientifique en

De la question de la recherche scientifique en Afrique !

Incontestablement, la recherche scientifique constitue le débat central de ce 21è siècle ; et en cela , la situation des enseignants chercheurs africains n’est pas des plus enviables, comparée à celle de leurs homologues occidentaux.

La science africaine s’est dégradée au fil du temps ; et l’on s’interroge fort à propos sur les raisons qui sont à l’origine d’ une telle décadence, et surtout sur les actions à mener afin que l’Afrique et les chercheurs africains jouent " leur partition dans la symphonie du savoir universel ".

I L’Afrique, " parent pauvre " de la recherche scientifique

Le rapport établi par l’UNESCO en 1991 est toujours d’actualité quant à la situation ô combien délétère des structures de recherche en Africaine et notamment les universités. Entre autres problèmes, on peut citer : les difficultés financières, les effectifs pléthoriques, la pénurie d’enseignants qualifiés, l’inadéquation entre les besoins de développement et les programmes d’enseignement et de recherche, le manque de coordination entre Etats en matière de politique d’enseignement supérieur. La liste n’est pas exhaustive. Ce constat fort alarmant est propre à l’ensemble du continent africain à quelques exceptions près.

A y regarder de près, excepté l’Afrique du sud et l’Afrique du nord où l’activité scientifique s’est plus ou moins maintenue et parfois a même progressé, les autre Etats au sud du Sahara connaissent des fortunes diverses. La dégradation de l’activité scientifique dans cette région du continent découle essentiellement de la part allouée par les autorités étatiques au domaine de l’éducation et de la recherche. Une " portion congrue " qui ne suffit pas, loin s’en faut à maintenir une certaine présence africaine dans le landernau scientifique, à fortiori donner une impulsion à ce secteur qui en demande tant.

Les institutions de Bretton Woods avec leurs cortèges de programmes d’ajustements structurels, et les multiples restrictions budgétaires imposées aux Etats africains, ont eu de sérieux impacts au niveau des économies nationales, annihilant du coup toute volonté de magnifier les compétences scientifiques locales. La recherche scientifique, compte tenu du niveau du développement global, ne constituait pas une priorité à laquelle, il fallait y songer. Conséquences : le fossé s’est élargi tout naturellement entre les chercheurs africains, et ceux des pays dits développés. L’exemple du Mali, qui malgré la volonté affichée des responsables politiques de ce pays, de faire de l’éducation et de la science une priorité nationale est révélateur de l’état de délabrement généralisé, propre aux autres Etats du continent. La jeune Université du Mali, comme d’ailleurs ses homologues du continent souffrent d’un très grand nombre élevé d’étudiants, d’un manque de structures adéquates, d’une formation au rabais, fautes d’équipements, de laboratoires et centres de recherches, de bibliothèques digne de ce nom, et de personnel enseignant qualifié. La situation des enseignants chercheurs s’est fortement dégradée. L’insuffisance de leurs revenus, et la diminution de leur pouvoir d’achat les obligent très souvent à opter pour d’autres activités parallèles qui jurent avec celles de la recherche scientifique. Les plus chanceux trouvent, une compensation dans l’expertise locale ou étrangère, ou très souvent sont appelés à exercer leur talent dans une université occidentale. Un scénario certes rentable pour le chercheur pris individuel, mais qui n’est pas fait pour propulser la recherche scientifique africaine.

Un phénomène, qui aussi décrit, cette léthargie est " la fuite des cerveaux ". la réalité actuelle de la science africaine est dominée par ce qu’il est convenu d’appeler l’exode de ses capacités dû en grande partie aux conditions matérielles et morales des universitaires en Afrique. Entendons nous bien qu’il ne s’agit pas de la mobilité des chercheurs , enseignants et des étudiants dans le cadre de la coopération inter-universitaire, ou des bourses de recherche etc. Cette mobilité a toujours été un vecteur de dynamisation du monde scientifique, et elle permet une certaine globalisation, une uniformisation de la recherche partout où l’on se trouve.

L’exode de la " matière grise " africaine est une préoccupation majeure. Pour un pays comme le Sénégal, on a compté à peu près une vingtaine de professeurs de rang magistral qui ont migré ces dernières années vers des universités américaines et européennes. Plus préoccupant encore, le nombre de doctorants bénéficiaires de bourses étrangères qui restent définitivement à la fin de leurs études dans le pays d’accueil, ne cesse d’augmenter. le nombre impressionnant de demandeurs de visas étudiants dans les consulats des pays occidentaux en Afrique dénote de l’acuité du problème, faisant du continent un " désert scientifique " où il fait pas bon vivre ! !

Que faut-il faire face à un tel phénomène ? qu’est ce qu’il faudrait envisager afin que la recherche en Afrique trouve la place qui lui sienne dans l’environnement scientifique mondial ?

II les mesures qui s’imposent pour sortir l’Afrique de ce " marasme scientifique "

Des pistes de solution existent, mais faudrait-il que les autorités étatiques, les partenaires au développement, chacun à son niveau joue le rôle qui lui est dévolu. L’afrique est le premier exportateur de " matière grise " dû aux mauvaises conditionnelles dans lesquelles, les enseignants chercheurs exercent. Pour résorber ce phénomène qui freine dangereuse l’éclosion d’une " Afrique scientifique " à même d’égaler les autres continents, la promotion de la recherche doit être " le cheval de bataille " de tous les Etats concernés.

Cette promotion passe par le développement d’un environnement de recherche répondant aux normes, c’est à dire créer un environnement incitatif, la revalorisation de la fonction de chercheurs et d’enseignants chercheurs pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

Concernant le premier point, une redéfinition des enjeux et des modalités, du fait de la complexité sans cesse croissante des systèmes de connaissances à l’échelle mondiale serait la bienvenue avant toute chose. L’afrique doit se mettre au même niveau avec les autres, en terme de perception, de traitement des données et problématiques. Les connaissances fondamentales, et l’expertise nécessaire pour les applications des résultats de la recherche et leur développement sont du ressort de l’université. la mise en place des écoles doctorales et des laboratoires de recherche au sein des universités pour répondre aux grands défis qui se posent à la recherche doit être une priorité absolue dans la mesure où, elle constitue la trame de l’activité scientifique de manière générale. Elle implique naturellement, l’amorce de politiques et de stratégies susceptibles de mobiliser des ressources afin de permettre l’innovation.

L’université Africaine doit pouvoir garantir des perspectives d’évolution et d’épanouissement des étudiants et jeunes chercheurs qui sont pour la plupart attirés par les universités des pays développés. Pour ce faire, il faudrait donner la possibilité à l’étudiant qui en a la capacité requise d’accéder aux formations de thèse si les conditions le permettent. Encourager dans le cadre de la coopération, la venue des enseignants extérieurs ainsi que la possibilité pour ces étudiants de faire des stages dans les institutions partenaires.

Les pouvoirs publics et le monde enseignant doivent conjuguer leurs efforts, pour traduire dans les faits ces mesures qui constituent à notre avis un début de solution au règlement de cet épineux problème qui marginalise de plus en plus le continent africain dans le concert des grandes nations.

Concernant le deuxième point, il va de soi que la promotion de la recherche scientifique passe nécessairement par une revalorisation de la fonction enseignante qui comme chacun le sait n’est pas une sinécure en Afrique. Nul besoin de revenir là dessus ; mais pour apporter un tant soi peu une petite amélioration, il serait bon de regarder désormais l’enseignant comme le pilier central sans lequel le développement tout court d’un Etat serait compromis. A cet égard, le niveau de vie de l’enseignant, à travers son salaire, les indemnités liés à sa profession, doit être élevé ou à tout le moins acceptable. La motivation passe par là en premier. Il faut également des mesures incitatives notamment l’augmentation des indemnités de recherche, des primes, des bourses pour des voyages d’études, et enfin permettre à chaque enseignant d’avoir toutes les informations scientifiques nécessaires en temps réel. Ceci passe par un appui en équipements. L’enseignant doit en cette ère de 21è siècle être équipé d’un ordinateur performant avec possibilité de connexion sur Internet.

Ces quelques mesures au demeurant minimalistes pour déjà amorcer un nouveau virage dans la perception et la conduite du " fait scientifique " méritent de la part des pouvoirs publics africains une certaine considération, pour permettre finalement à nos enseignants et chercheurs de s’affirmer ! l’Afrique ne saurait rester à la traîne des autres continents, en tout cas pas dans le domaine de la recherche scientifique.

Makan DIALLO

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